«Il n’y plus de politique immobilière du notariat»
selon Pierre BAZAILLE, notaire dans le Rhône, est membre fondateur de la base immobilière PERVAL et ancien président de l’Institut Notarial de Droit Immobilier (INDI).
Pour sa sixième édition, les RNEI organise une table ronde sur les tendances de marchés et de prix à la suite de l’épidémie de la Covid-19. Seul notaire membre du Comité de pilotage des Rencontres Nationales de l’Expertise Immobilière (RNEI), Pierre Bazaille nous a fait part de ses observations sur le marché résidentiel et chemin faisant, de ses réflexions sur la notion de l’expertise dans le notariat.
Sur l’immobilier résidentiel, les notaires observent-ils des évolutions notables à la suite de la crise sanitaire ?
Incontestablement, le désir des propriétaires immobiliers est de partir des centres urbains. Ils cherchent une résidence secondaire pour se mettre au vert voire même à quitter la ville pour aller vivre en périphérie grâce au télétravail.
Nous assistons à une vraie appétence pour le marché de la maison pour oublier la vie confinée dans un appartement de centre-ville. A Paris, cette tendance s’illustre par un mouvement qui va de l’intra-muros vers la deuxième couronne. Cette deuxième couronne a l’avantage d’éviter les problèmes de transports en commun de courte distance et d’acquérir un bien plus grand.
Pour les zones non tendues, nous n’assistons pas à ce jour, à une chute des prix à la suite de la crise sanitaire.
Pour le neuf : le marché devrait être boosté dans les mois à venir. Déjà, les prix devraient se maintenir à la suite du faible nombre de permis de construire en cours, notamment liée au Covid. Et puis on assiste à une évolution de l’offre avec des constructions qui privilégient terrasses et rez-de-jardin.
La désaffection pour les biens immobiliers loués via les plateformes de type Airbnb a-t-elle des conséquences sur l’évolution des prix ?
Il n’y a pas que le Covid, qui asséchant la demande touristique tempère les prix. L’émergence de nouveaux acteurs politiques locaux n’est pas favorable au développement de ces plateformes de courts séjours. On entrevoit une vraie volonté politique de maitrise des prix.
Les notaires ont créé des bases de données, mis en place le réseau Notexpert,… Quelles sont les actions entreprises par le notariat participant à la qualité et à la pertinence de l’expertise ?
Il n’y à plus, selon moi, de politique immobilière du notariat. Pour preuve, un manque de communication du notariat sur l’immobilier. Il est flagrant de constater que l’essentiel des commentaires sur les tendances du marché de l’immobilier est le fruit de société de type Century 21 ou Meilleurstaux.com. Aujourd’hui, le notariat ne produit plus d’études prospectives sur le logement.
Récemment, le poste de responsable du pôle Expertise de la société MIN.NOT a été supprimé.
Pourtant, le notaire est un acteur de l’immobilier et pas seulement un point de passage obligé pour la transmission du patrimoine immobilier. Le notariat vit sur un acquis et sa parole est un peu inaudible.
Quels sont les enjeux de l’expertise pour les notaires ?
Les notaires viennent de passer des années fastes avec des transactions immobilières importantes en volumes et en valeur : pourquoi « s’enquiquiner » à faire de l’expertise ? Avec une vente c’est tellement plus simple. Il suffit de prendre le dossier le signer et puis c’est fait !
C’est dommage. L’expertise permet délivrer du conseil. Aujourd’hui, l’étude qui propose un service d’expertise offre un plus à sa clientèle.
Pierre Bazaille fait partie du comité de pilotage des Rencontres Nationales de l’Expertise Immobilière organisées par Edilaix.