« L’expert, qui travaille souvent de façon solitaire, a un réel besoin d’avoir des échanges d’idées »

Gérard FONS est président du collège des experts évaluateurs agréés du SNPI. Il a également assumé la présidence de TeGoVA France de 2012 à juin 2015.

Quelles sont les difficultés juridiques ou matérielles les plus fréquemment rencontrées par les experts dans le cadre de leurs missions ?

« L’expert en évaluation immobilière est un sachant qui apporte à son donneur d’ordre toute son expérience et sa connaissance très précise du marché.
Si cette « plus-value » apportée par l’expert dans la recherche de la valeur la plus juste du bien parait être une évidence pour les clients institutionnels et professionnels, il n’en est pas toujours de même concernant la clientèle des particuliers.
L’expert, lorsqu’il intervient à l’amiable, est trop souvent confronté à la question de la justification du coût de son intervention, et le particulier est parfois conforté en cela par les propos de ses conseils (notaire, avocat, comptable, …) qui n’hésitent pas à l’encourager à faire réaliser des avis de valeur « gratuits » par plusieurs agents immobiliers locaux.
Sans oser dire que le « gratuit » ne « vaut rien », force est de constater que, dans de trop nombreux cas, les dits avis de valeurs sont réalisés de façon rapide et sommaire, sans véritable investigation et surtout sans réelle motivation de l’agent immobilier sollicité pour toute recherche de valeur, non censée aboutir à une mise en vente du bien.
La charte de l’expertise en évaluation immobilière a d’ailleurs rappelé, dans sa dernière version, que l’avis de valeur n’est en aucun cas un format d’estimation répondant aux critères d’une véritable évaluation.
Pour les mêmes raisons de coût, le donneur d’ordre particulier rechigne souvent à faire réaliser les différents diagnostics obligatoires, ce qui conduit généralement l’expert à assortir son rapport de réserves non satisfaisantes.
L’expert est par ailleurs parfois confronté à des difficultés pour obtenir les différentes pièces et informations indispensables à la rédaction de son rapport, difficultés se traduisant nécessairement par un allongement des délais de remise du rapport d’expertise, au grand dam de son client, lui-même responsable de cet état de fait.
Enfin, s’il ne fallait retenir qu’une des difficultés rencontrées par l’expert, nous pourrions évoquer le fait que le donneur d’ordre, écartelé entre son désir que lui soit délivré la valeur juste de son bien et sa volonté de privilégier ses intérêts, a très souvent du mal à exprimer de façon précise ses véritables attentes et donc sur le contour de la mission elle-même. »

Qu’attendez-vous d’évènements tels que les Rencontres Nationales de l’Expertise Immobilière ?

« Ces rencontres représentent une réelle opportunité pour les professionnels de l’expertise, d’échanger à la fois leurs expériences, mais aussi leurs questionnements.
Plus que quiconque, l’expert, qui travaille souvent de façon solitaire, a un réel besoin d’avoir avec ses confrères, de façon régulière, des échanges d’idées et de partager ses travaux, tout en s’enrichissant de ceux de ses homologues, appartenant à d’autres organisations professionnelles ou/et installés dans d’autres régions que la sienne.
Ces rencontres sont également l’occasion de médiatiser, et ainsi de donner un coup de projecteur sur les activités expertales trop souvent méconnues du grand public mais aussi des milieux professionnels, juridiques, comptables ou bancaires. »